mardi 5 novembre 2013

La force des liens familiaux

L'importance du groupe d'anthropologie historique de Cambridge conduit par Peter Laslett depuis 1964 sur la connaissance des mondes familiaux n'est plus à démontrer. Les apports de Frédéric le Play sont repris, la mise en évidence de l'existence ancienne (au moins depuis le XIII°) de la famille nucléaire en Europe de l'Ouest est clairement établie d'abord par l'équipe de Laslett, puis spécifiquement par les travaux de A.Macfarlane. Enfin, Emmanuel Todd trouve au sein de ce groupe de recherches les bases scientifiques pour formuler son hypothèse familiale qui fait sa renommée aujourd'hui.

Le livre présenté ici est l'oeuvre d'une chercheuse hollandaise, elle-même passée par le groupe de Cambridge dans les années 90, Angelique Janssens.
Ses travaux se sont portés sur l'évolution des structures familiales en pleine transition industrielle dans la ville hollandaise de Tilburg entre 1850 et 1920.

Les conclusions de l'auteur montrent à quel point la force sociale de la structure familiale est forte.

Tilburg est une ville du Brabant Septentrional, province du sud des Pays bas. Angelique Janssens
 identifie dans cette ville une présence majoritaire de la famille étendue (famille souche) ou la régularité de co-résidence familiale (kin co-residence) est démontrée.
L'objectif de l'étude est d'observer l'évolution de la famille étendue dans cette période d'industrialisation intense. La théorie souvent avancée explique que l'industrialisation dissout la famille étendue, la nucléarise pour donner une main d'oeuvre malléable et géographiquement mobile.

Les résultats d'Angelique Janssens contredisent clairement cette théorie:
- La famille étendue de Tilburg reste étendue sur toute la période étudiée, avec même une tendance au renforcement des liens.

Voici l'une de ses conclusions principales:

"My conclusion therefore is that it is incorrect to assume an immediate and imperative causal relationship between industrialization in its emerging stages and the weakening of family relations. Extended kin were not increasingly excluded from the inner circle of the family, and quite clearly the bonds between parents and children were not severely weakened to the detriment of the older generation."

La famille nucléaire n'est donc pas le produit de la Révolution industrielle, mais une forme anthropologique particulière de vie qui existe depuis que l'homme existe, si l'on en croit les résultats des recherches de E.Todd sur l'Origine des systèmes familiaux.
La force des liens familiaux est telle qu'elle prime sur le contexte dans lequel les familles sont placées.

Néanmoins, la nucléarisation des familles est bien visible si l'on garde comme variables typologiques l'absence de co-résidence familiale et la sortie rapide des enfants du cercle familial. Ce mouvement semble massif.
Pour distinguer aujourd'hui les différents types familiaux, il faut abandonner ces variables précédemment décrites pour en élaborer d'autres, plus pertinentes. Comment pourrions-nous mettre en évidence les relations familiales étroites, signes des familles communautaires et souche ?
Voilà un travail de recherche d'avenir !



jeudi 26 septembre 2013

America 3.0

Voici un livre qui fera date. Son axe central repose sur les caractéristiques de la famille nucléaire absolue, titre inventé par Emmanuel Todd, mais type familial découvert par les successeurs de Frédéric Le Play: Henri de Tourville et Edmond Demolins qu'ils appelaient famille particulariste.

James C Bennett et Michael J Lotus, auteurs du livre avec lesquels j'entretiens une relation scientifique et amicale très appréciable, font une étude magistrale de la naissance et des caractéristiques de la civilisation anglo-saxonne pour se projeter avec optimisme dans l'avenir des Etats-Unis d'Amérique.
En ces temps d'incertitude, les auteurs se sont visiblement inspirés du proverbe berbère pour parler de leur pays: "Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens", ou encore Sénèque: "Il n'est pas de vent favorable pour le marin qui ne connait pas son port".
La convocation de chercheurs aussi importants que Alan Macfarlane, Emmanuel Todd ou encore James Campbell donne au livre une dimension scientifique de premier ordre. L'essai bibliographique proposé en troisième partie est original, utile et bénéfique. C'est une vraie valeur ajoutée au livre.

La deuxième partie du livre est plus politique. Elle tente de décrire ce que devrait être l'Amérique 3.0 des prochaines décennies. J'en parlerai lorsque je l'aurai lu complètement.

Je posterai une étude détaillée de ce livre très prochainement. Je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour signaler l'existence de ce regard neuf sur le monde anglo-saxon et en particulier les Etats-Unis.

lundi 26 août 2013

Les économistes s'emparent de l'hypothèse familiale

Depuis une dizaine d'années, les travaux d'économistes internationaux prenant comme variable principale les liens familiaux forts ou flexibles se multiplient.
Cette variable fut clairement définie par Francis Fukuyama dans son livre, Trust, publié en 1995 et en 1997 pour la version française (La confiance et la puissance, vertus sociales et prospérité économique).
L'hypothèse familiale associée au Capital social séduit un nombre croissant de recherches économiques. Leurs conclusions, là est le plus grand intérêt, convergent quasi-unanimement vers une corrélation forte entre des types de liens familiaux et des facteurs économiques lourds, tels que le marché du travail, la mobilité, le capital social, la confiance.

Je cite en particulier:

Family types and the persistence of regional disparities in Europe, Gilles Duranton, Andrès Rogriguez, Richard Sandall, March 2007

The Roots of Low European Employment: Family Culture?, Yann Algan, Pierre Cahuc, May 2007

- Family Ties and Political Participation, Alberto Alesina, Paola Giuliano, IZANo. 4150, April 2009

The power of the family, Alberto Alesina, Paola Giuliano, May 2010

- When the State Mirrors the Family: The Design of Pension Systems, Vincenzo Galasso and Paola ProfetaApril 2011

- Family values and the regulation of labor,  Alberto F. Alesina, Yann Algan Pierre Cahuc, Paola Giuliano, June 2013

jeudi 22 août 2013

L' Hypothèse familiale progresse

Lors de ces derniers mois, deux productions scientifiques et politiques sont venues accréditer la thèse de l'impact générique de la formation sociale familiale.

Dans leur étude internationale consacrée aux rapprochements des valeurs familiales et de la régulation du marché du travail, 4 économistes, 2 français et 2 américains, ont mis en évidence la forte corrélation entre des types familiaux et les différents types de régulation du marché du travail.
Les chercheurs se sont appuyés sur des sources d'informations indépendantes entre elles qui rendent leur démonstration très probante. La première, The World Values Survey (WVS) s'étalant de 1980 à 2000, et la deuxième, The Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE) qui recueille des données de 2006 pour cette étude.

WVS fournit notamment, un large éventail d'indicateurs subjectifs sur la relation entre les parents et les enfants et en particulier des indications sur la cohabitation de plusieurs générations, comme signe d'un attachement ou non des enfants aux parents. Il faut remarqué ici que cet indicateur clé, est utilisé depuis très longtemps par les leplaysiens, le groupe de Cambridge et Emmanuel Todd.

SHARE fournit des données précises sur la santé, le statut socio-économique et le réseau social et familial des individus âgés de 50 ans ou plus. Par exemple, l'enquête SHARE collecte des informations détaillées sur proximité géographique des enfants et des parents. De cette enquête nos économistes ont construit trois différents indicateurs de l'attachement de la famille à l'échelle du pays:
- la fraction des enfants adultes (plus de 24 ans), qui vivent à 5 km ou moins de leur famille.
- l'âge moyen auquel les jeunes ont quitté la maison
- la fréquence des contacts que les parents ont avec leurs enfants

Autant d'indicateurs qui révèlent le degré d'attachement des enfants aux parents, le besoin d'entretenir des relations fortes et régulières.
Leurs résultats sont très affirmatifs: plus les relations familiales sont fortes, plus la demande de régulation du marché du travail est forte. Leur conclusion rappelle le travail effectué par Francis Fukuyama dans son Livre, Trust, the social virtues and the creation of prosperity, publié en 1995.

Pour renforcer leur étude, les chercheurs ont souhaité lui donner de la profondeur historique en s'appuyant sur le General Social Survey (GSS) appliqué aux immigrés des Etats-Unis avant 1940, l'étude récente d'économistes sur les types familiaux et la disparité des régions européennes (Family types and the persistence of regional disparities in Europe, Duranton, Rogriguez, Sandall) déjà recensée dans ce blog et enfin les travaux historiques d'Emmanuel Todd sur les structures familiales.

La conclusion générale de l'étude est claire:
"Dans tous cas nous avons trouvé confirmation d'une forte corrélation entre la présence d’institution de régulation du marché du travail avec le désir de réglementation de celui-ci et certains types de structures familiales.

La corrélation entre la réglementation du marché du travail, le poids des traits culturels familiaux, ainsi que le lien entre cette même réglementation et certaines valeurs familiales, expliquent la difficulté de la libéralisation des marchés du travail. D’une certaine manière, le relatif faible emploi et l’inefficacité associée à la réglementation du marché du travail est le prix que certains pays choisissent de payer pour profiter des bénéfices des liens familiaux de proximité."


Je recenserai dans mon prochain article, l'important livre de James C Bennett et Michael Lotus, America 3.0 ou l'hypothèse familiale est centrale.


jeudi 4 juillet 2013

Le communisme des immigrés italiens en Lorraine


Une ancienne étude sociologique très fine, publié en 1962 par Serge Bonnet, Charles Santini et Hubert Barthelemy vient une fois de plus vérifier la pertinence de l'analyse anthropologique familiale leplaysienne et toddienne. 

Les travaux de trois sociologues se sont attachés à montrer la corrélation entre la forte activité communiste locale avec une certaine émigration venue d'Italie. Les auteurs ont eu la bonne idée d'enquêter sur les caractéristiques de ces immigrés italiens qui votent communistes.

Voici leurs résultats:

Si l'on rapproche les cartes du vote communiste en 1954 dans la bassin minier lorrain avec la carte de la concentration des immigrés italiens, le lien est clair























Les trois cantons où le vote communiste est le plus fort sont le Briey, Longwy et Audun. Sur le graphique de droite on remarque combien le fort vote communiste de ces mêmes cantons sont associés à la forte présence de l'immigration italienne.

L'Hypothèse de l'analyse familiale énonce que qu'un type particulier de système familial avec ses relations sociales et ses valeurs offrent aux enfants futurs adultes une vision des relations humaines, donc un regard sur la société dans laquelle il pourrait se reconnaitre. Arrivé à l'âge adulte, les offres politiques lors des élections démocratiques feront écho ou non à sa formation sociale familiale reçue et intégrée. Dans notre cas, il faudrait donc que les régions natales italiens de nos immigrés soient plutôt des régions de famille communautaire laquelle entretient un lien fort avec le vote communiste (hypothèse de base des recherches d'Emmanuel Todd), et en second lieu des régions de forte implantation communiste.

Que dit cette étude à propos des origines italiennes des immigrés lorrains ? de quelles régions d'Italie viennent ces travailleurs ?
Un sondage sur les militants et adhérents du parti communiste, à la veille de la guerre de 1939, révèle que la moitié des effectifs du département était concentrés dans l'arrondissement de Briey (voir le graphique en haut à droite). Parmi ces militants de l'arrondissement, 67% étaient d'origine étrangère et les Italiens représentaient 61% de l'effectif total (soit 264). Sur ces 264, 193 sont nés en Italie comme régions d'origine: L'Emilie Romagne (33), la Vénitie (32), la Toscane (22), la Lombardie (20), les Marches (19), l'Ombrie (16), ....
En Septembre 1945, il est rapporté par le préfet de Meurthe et Moselle que 50% des communistes de l'arrondissement étaient des étrangers.

La carte établie par Emmanuel Todd dans son livre, L'Invention de l'Europe du communisme vers 1975 montre une forte activité dans les régions italiennes précitées.
E.Todd, L'invention de l'Europe, 1990

Si l'on additionne les régions réputées communistes telle que cette carte nous l'indique (Emilie Romagne, Toscane, Lombardie, Marches, Ombrie)  nous obtenons, sans que l'intégralité des régions italiennes ne soient passées en revue, un nombre de 110 immigrés venus de terres italiennes "communistes" sur 193 soit 57 %. Ces mêmes régions sont par ailleurs des régions ou la famille communautaire est majoritaire ou puissamment minoritaire. Tel est le cas. La corrélation est suffisamment probante pour utiliser cette étude comme preuve supplémentaire à la fiabilité de l'hypothèse familiale.

jeudi 25 avril 2013

Emmanuel Todd et son mystère électoral: Pourquoi la famille souche-communautaire vote à gauche et la famille nucléaire à droite ?

Dans leur denier livre, Le mystère français, Hervé le Bras et Emmanuel Todd se demandent pourquoi les régions de famille souche et communautaire (grand sud-ouest, Bretagne, l'Allier et la Nièvre) vote à gauche et les régions de familles nucléaire (le très grand bassin parisien) à droite, avec une exception notable: l'Alsace.

E.Todd, Le mystère français, Seuil, 2013
Dans les entretiens qu'il donne aux différents médias, E.Todd explique mal le fait que les votes de gauche sont donnés par des régions ou les notion d'égalité et de liberté ne sont pas portés par les systèmes familiaux. Il s'explique mal aussi le fait que la droite recueille une majorité de voix dans les régions qui ont fait la Révolution française ou là les valeurs de liberté et d'égalité sont affirmées.

Emmanuel Todd n'accepte pas le fait que l'axe égalité-inégalité n'est plus le principal. L'axe dominant de valeurs est aujourd'hui liberté-autorité ou dit autrement individualisme-holisme

D'ailleurs lui même est bien conscient de cela, il faut simplement le lui rappeler. Dans son Invention de l'Europe, il écrit :" L'analyse des structures familiales et leur distribution dans l'espace permet de saisir, à la source, la diversité européenne. Les mondes paysans qui se stabilisent entre la conquête romaine et la fin des grandes invasions ne définissent pas un type unique. Dans certains dominent des systèmes familiaux nucléaires accordant une large autonomie à l'individu; dans l'autre, au contraire, des systèmes familiaux complexes attachant fortement l'individu au groupe."
E.Todd, Le mystère français, Seuil, 2013



Il a aussi bien rappelé le jeu fondamental de l'espace anthropologique français du holisme et de l'individualisme dans le Mystère français.

Emmanuel Todd doit admettre, dans un contexte globalisé marqué par la civilisation anglo-saxonne, que l'axe clivant les hommes est aujourd'hui celui de la liberté individuelle face à l'autorité d'un groupe. Ce fut le fondement de l'affrontement anthropologique et idéologique de la Guerre Froide, c'est le même qui taraude l'espace français aujourd'hui.

La distinction classique qui énonce que la droite défend davantage la valeur de liberté et d'individualisme alors que la gauche défend d'abord l'égalité des hommes intégrés dans un collectif devient de plus en plus pertinent. Un seul bémol à cela: la liberté de moeurs est bel est bien défendue par la gauche.

mercredi 24 avril 2013

Le mystère champenois

A l'occasion de la sortie du livre des deux compères Hervé le Bras et Emmanuel Todd, dans lequel la spécificité de la région champenoise est mise en avant,  m'incite à replacer les apports des leplaysiens sur cette région largement monographiée.


Les études leplaysiennes sur la Champagne
La Monographie du Bordier émigrant du Laonnais, faite de 1848 à 1850 par M. de Barive, a été amené à étudier la commune de Villeneuve, près d'Anglure, dans la partie méridionale de la Marne. (seconde édition des Ouvriers européens, t. VI, p. 117 à 122).

En 1856, M. Delbet fait la monographie d'un Bordier de la Champagne Pouilleuse, Beaumont, non loin de Reims [Ouvriers européens, 2e édit., t. V).

En 1886, M. Michaud recueille des observations sur les cultivateurs du canton de Dammartin-sur-Yèvre (Le Village argonnais et la Champagne, in La Science. Sociale, t. I).

Enfin, en 1902, M. H. Brun étudie une commune située dans la partie méridionale du département de l'Aube (L'Epargne dans un village champenois, in La Science. Sociale,  t. XXXIII.)

Pendant les années 1911 et 1912, Paul Descamps s’est rendu en Champagne à différentes reprises. « Les indications données par nos devanciers nous ont été bien utiles, et nous avons profité, en outre, des progrès apportés depuis lors dans la méthode d'investigation en science sociale. »
Mais l'étude de la Champagne présente un autre intérêt, intérêt qui déborde de beaucoup celui — déjà bien grand — que peut avoir la connaissance d'une région française. Cet intérêt est d'ordre scientifique général, et se rattache au problème des types familiaux, — plus exactement au problème de la Famille instable.
Se basant sur les monographies précitées, Frédéric Le Play, et, après lui, Edmond Demolins, ont indiqué la Champagne comme étant un foyer puissant de familles instables.
Des études précédentes nous ayant mis en contact avec le type de la Famille particulariste (c’est la famille type anglo-saxonne, famille nucléaire absolue selon la classification de E.Todd), nous devions, pensions-nous, par la comparaison, voir apparaître nettement les traits, à certains égards opposés, de la Famille instable.

Voici comment Le Play définissait la Famille instable :
« La famille instable constitue le régime où la jeunesse subit le moins l'influence de la tradition. Les jeunes adultes abandonnent le foyer paternel dès qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes; ils ne sont aucunement tenus de conserver la mémoire ou la coutume des ancêtres; et ils ne se transmettent que les pratiques strictement indispensables à la conservation de la race. Avec ces formes absolues, la famille instable ne se rencontre que chez certains peuples sauvages et dégradés ».
On le voit, dans cette forme de famille, les enfants s'émancipent à l'âge adulte, ce qui suppose une organisation en simple ménage. Par ce trait, la Famille instable se rapproche de la Famille particulariste. Elle en diffère par ce fait que cette dernière transmet les traditions de la race aux enfants, tandis que la première ne transmet que les connaissances techniques indispensables pour l'exercice du métier qui la fait vivre.


Hypothèses des leplaysiens après Le Play, selon P.Descamps
La Famille désorganisée correspond donc à la « Famille instable atténuée » d'Edmond Demolins, et constitue un élément morbide. La Famille champenoise correspond à la « Famille communautaire en simple ménage » de Philippe Champault ou à l'élément sain des « sociétés particularistes ébranlées » de Demolins. Nous n'employons ni l'une ni l'autre de ces deux dernières dénominations qui ont l'inconvénient de préjuger des résultats.
Voici maintenant comment le type social de la Champagne nous apparaissait d'après l'interprétation des faits exposés par les premières monographies:
- Comme dans la plupart des régions françaises, la proportion des familles désorganisées devait être assez forte et rendre difficile l'organisation du Patronage.
- La Famille champenoise devait présenter à la fois des traits communautaires et des traits particularistes. Nous avions donc à essayer de déterminer les difficultés du Patronage et à en chercher les causes. Nous avions, en outre, à voir en quoi la Famille champenoise se rapprochait et s'écartait, d'une part, de la Famille anglaise précédemment étudiée par nous (type particulariste), et, d'autre part de la Famille orientale (type communautaire, famille souche et communautaire d’E.Todd), étudiées par divers enquêteurs, mais que nous ne connaissions pas personnellement.

On constate combien , les leplaysiens après Le Play ont fait progressé la finesse de la typologie familiale et son analyse anthropologique.


Les derniers propos d'Emmanuel Todd sur la Champagne

"La champagne combine famille nucléaire, habitat groupé et déchristianisation, ainsi son niveau d'intégration des individus est le plus faible possible".
"L'habitat groupé signifie que la forme nucléaire des ménages n'implique pas isolement des individus, dont la liberté familiale s'exprime à l'intérieur d'une communauté locale dense."

Todd et le bras publient alors une carte du niveau d'intégration des individus en combinant trois facteurs clés:
- Le système familial émancipateur (famille nucléaire) ou intégrateur (familles souche et communautaire)
- L'habitat groupé ou dispersé
- la vie religieuse


H. le Bras, E.Todd, Le mystère français, Seuil, 2013